samedi 26 mars 2011

jeudi 24 mars 2011

De retour au Bahreïn

J'aimerais bien écrire que tout suis son cours et que nous progressons bien, mais tel n'est pas le cas. Je suis rentré hier soir à Bahreïn et pour la première fois ce n'est pas la nonchalance des douaniers locaux qui m'a souhaitée la bienvenue mais leur suspicion. Est-ce un appareil photo dans votre sac? Non, c'est une machine à laver... J'ai quand même réussi à passer mais j'étais bien content de ne pas avoir ramené tout mon parc optique.

Nous devions travailler demain pour avancer sur les travaux mais nous prenons du retard. Demain des manifestations sont à prévoir et la répression semble certaine.

Allah Ou Akbar raisonne comme tous les soirs désormais dans le village où j'habite, interrompu seulement par le son des hélicoptères et bientôt des grenades lacrymogènes. J'ai appris à aimer ici ces mots qui ouvrent l'appel à la prière. "Dieu est grand" lorsqu'un ami musulman contemple un coucher de soleil ou lorsqu'on lui annonce un événement heureux. C'est le remerciement du fidèle pour un spectacle de la nature, pour tout ce qu'il y a de bien et de bon.

Alors je ne m'explique pas ces Allah Ou Akbar qui déchirent la nuit comme autant de cris de détresse...

dimanche 13 mars 2011

Que faisons nous là?

Que faisons nous là, je veux dire: pas à Bahreïn, ça je sais très bien ce que je fais ici. Non, pourquoi dépense-t-on autant d'énergie pour une exposition dans le climat actuel. Dehors c'est le bordel: routes bloquées, manifestations, lacrymaux... Une insurrection populaire en somme avec blessés, informations et désinformation. Le climat s'est tendu et les gens restent chez eux. On reste dans l'attente et l'ennui. Le pire au fond c'est ça, de n'avoir prise sur rien.

Organiser une exposition d'art contemporain alors que tout sur l'île est à l'arrêt, ça peut paraître ridicule. Franchement qui va se pointer pour voir ça? Les gens ont soit autre chose en tête soit la trouille de se déplacer en voiture.

Déjà que l'art contemporain dans la région ne remue pas les foules, là on prend quand même bien le risque de  se retrouver tout seul au milieu d'un mois de boulot, des tonnes de sable charrié, du gros oeuvre et des courbatures façon quinquagénaire qui a fait un marathon. Alors c'est quoi la raison? On a pas franchement la vocation à être des Don Quichotes de l'Art.

La raison au fond, outre le fait que nous avons déjà trop travaillé là dessus, c'est que je crois au projet Art Junction de Suad. Son idée, c'est de créer un espace artistique de 1800 m2 avec une école d'art, un café, des appartements pour les artistes en résidence et une galerie d'art: un truc à changer le paysage artistique du pays.

Alors voilà, on va donner notre maximum pour faire quelque chose de bien, de surprenant, pour guider les gens au gré des sales, les forcer à participer, susciter des émotions, de l'étonnement et montrer que l'art se n'est pas seulement des toiles sur un fond blanc. Tant pis si on a pas grand monde, on laissera l'espace plus longtemps. Ce sera la petite contribution de Temporary Artistic Zone pour Suad, sa famille et ce projet dont Bahreïn a besoin, maintenant plus que jamais.

samedi 5 mars 2011

Le chantier

Hier, premier jour de chantier sur site et déjà mon dos ne tient pas le rythme... L'espace de ciment brut est difficile à travailler. 

Accueillir une exposition sur un chantier représente un défi auquel nous ne nous sommes jamais confronté: la sécurité. Un mort pendant l'exposition nous attirerai pour sûr une certaine couverture médiatique mais aller en prison au nom de l'Art ne fait pas parti de mon planning des prochaines années...  Donc première étape, il faut sécuriser les zones dangereuses du chantier. 

L'exposition doit avoir lieu à la nuit tombée et le sol est plutôt irrégulier. Connaissant le penchant des femmes Bahreinis pour les talons haut, nous avons trouvé judicieux d'enfermer la cage d'escalier dans un écrin de bois. L'avantage de ce type de structures est qu'il reste suffisamment aérien pour conserver la petite appréhension de la montée des marches tout en évitant la chute fatale. L'éclairage à la bougie et ses ombres dansantes renforcera le sentiment de peur.


C'est pas la Chapelle Sixtine mais on fait avec ce qu'on a! 

Je sais, ça peut paraître méchant de vouloir provoquer de tels sentiments négatifs mais l'idée n'est pas d'avoir une cohorte de spectateurs passifs dans l'exposition. Qu'ils le veuillent ou non, les visiteurs doivent être pris au piège et dans l'obligation d'interagir... Temporary Artistic Zone n'est pas un divertissement ni une production hollywoodienne, c'est de l'art contemporain. 

A la claustrophobie et au vertige succède des émotions positives quand nous guidons le visiteur vers une vaste pièce remplie de verre suspendu. Le temps qui reste n'est pas que l'appréhension de la mort, c'est surtout la beauté de la vie et les merveilles qu'il reste à découvrir.

Allez, en cadeau, le lien vers la chanson de Jean-Lou Dabadie, le temps qui reste: